Du financement participatif dans les jeux de société 

14/10
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illustration Dans le domaine du jeu, qu'il soit vidéo ou de société, on entend de plus en plus parler de crowdfunding ou de financement participatif. Ce terme désigne la réalisation de projets sans passer par des financeurs traditionnels (banques, entreprises, ...) mais en faisant appel directement au Peuple. Celui-ci, avec l'avénement d'Internet est de plus en plus sollicité pour ce type de financement. Il existe maintenant des dizaines de sites où l'on peut se tenir informé des différents projets et éventuellement soutenir ceux qui nous semblent intéressants : MyMajorCompany, Ulule, KissKissBankBank, IndieGogo ou Kickstarter en tête de file. On peut alors justement se demander si ce type de financement est réellement une bonne affaire tout aussi bien pour le porteur de projet que pour les nouveaux financeurs, c'est-à-dire nous.

D'abord, voyons les bons côtés : pour le porteur de projet, la démarche de financement est autrement plus simple. Il n'a pas à aller voir les banques et essayer de les convaincre que cette salade de pommes de terre sera la meilleure du marché (Oui, parce qu'on peut financer n'importe quoi avec le crowdfunding). Il est plus libre dans ce qu'il veut faire mais il faudra bien mettre les formes pour “attirer le chaland”. Parce que, du coup, l'internaute se retrouvera devant moults projets et ça sera à lui de dénicher la perle rare, le projet qui présente réellement quelque chose d'intéressant, ou plus simplement celui qui aura le plus buzzé.

En terme de retour sur investissement, ce système est moins contraignant qu'une entreprise ou une banque. Pas de prêt à rembourser, pas de pourcentage sur les ventes, uniquement des pledges : des promesses de dons moyennant contreparties. En fonction de ce qu'il donne, l'internaute peut recevoir une récompense (Dans le cas d'un jeu de société, ça peut être son nom dans les règles, une boîte de jeu ou, pour les plus généreux, une figurine à son image).

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Zombicide - Sa saison 2 et sa pléthore de stretch goals débloqués

Enfin, quoi de mieux pour encourager la dépense excessive que les stretch goals : ces buts à atteindre débloquant des récompenses supplémentaires venant s'ajouter aux contreparties précédemment définies. Effectivement, en étant financé par le Peuple, le projet peut récupérer plus que l'objectif fixé. Dans ce cas, pour remercier les contributeurs, le porteur du projet leur offrira du contenu supplémentaire.

Ces avantages permettent à plusieurs petits éditeurs d'avancer la trésorerie sur un nouveau projet, par exemple Crash Games qui a financé Vérone de cette manière ou Red Raven qui est passé par là pour 8 minutes pour un empire. Deux exemples de campagnes réussies, si bien que les jeux ont fini par débarquer chez nous. C'est aussi l'occasion pour les gros éditeurs de proposer des éditions prestigieuses de jeux déjà disponibles. On compte de plus en plus de projets réussis via Kickstarter. L'exemple le plus flagrant dans le domaine du jeu de société est Zombicide: les porteurs du projet réclamaient 20 000 dollars, ils en ont eu 780 000 (soit 3900%). Belle réussite.

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Essen The Game : Un pari réussi sur Kickstarter pour les 3 auteurs belges

Seulement voilà, le crowdfunding a révolutionné l'industrie du jeu de société mais son utilisation peut présenter des travers. Certains éditeurs utilisent ce système comme de la précommande et non plus pour combler un éventuel manque de trésorerie ou pour limiter les risques financiers. De la même façon, ce système de précommande permet à ces éditeurs de diminuer les intermédaires en vendant directement au client, ce qui permet certainement d'augmenter leurs marges, mais entraîne aussi une diminution du chiffre d'affaire pour les boutiques qui vendent habituellement ces jeux. Les boutiques sont donc bien obligées de s'adapter. Aussi, bien qu'il permette d'avancer l'argent, le crowdfunding doit obligatoirement passer par une bonne gestion de projet : il arrive fréquemment pour les éditeurs peu experimentés de compter du retard en livraison car on a mal anticipé les délais ou les échanges avec les différents prestataires.

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Conan, un projet longuement réfléchi par Frédéric Henry, bientôt sur Kickstarter

Meme si le crowdfunding est de plus en plus populaire, ce nouveau mode de distribution entraîne de nouveaux problèmes. Il faut donc rester vigilant quant aux projets qu'on peut voir sur ces plateformes et s'assurer qu'on pledge pour des gens sérieux nous proposant du contenu de qualité.

PS : On devrait vous proposer très vite une selection de projets Kickstarter, probablement avec le bilan des sorties à la fin du mois.

Hedi N.